Marceline Caïn : on eût dit qu'elle était mêlée de cendre, de sable et de sang. A quatorze ans, elle n'aimait rien ni personne qu'un gros lapin jaune-orange, touffu, qu'elle appelait Souci. Tous les matins, en cette fin de printemps déjà brûlante, Marceline à peine vêtue et lavée courait ouvrir la porte découpée dans le flanc de la caisse où l'on mettait à dormir Souci pendant la nuit. Et la douceur inaugurale par laquelle elle faisait commencer chaque jour de sa vie était de précipiter la tête et les deux bras à l'intérieur de cette caisse chaude, où les derniers relents de tabac disparaissaient sous une quantité d'effluves domestiques qui, tous ensemble, font la véritable odeur de lapin... Le sang de l'agneau, l'une des sept nouvelles de ce recueil, a été adapté au cinéma par Walerian Borowczyk, le réalisateur des Contes immoraux, de La bête, de La marge...Un écrivain qui travaille la langue comme un peintre miniaturiste. Des images splendides. Mais bien souvent c'est l'absurde et le cruel qui anime sa plume. On est admiratif et dégoûté.
Une nouvelle mérite les 5 étoiles : "l'homme du parc monceau" où la description des matières atteint un sommet littéraire : nos sens s'ouvrent sous ses mots.